vendredi 18 juin 2010

Sécurisation des crêtes : la position d'Objectif PNR


NON A L'ARGUMENT SECURITAIRE


Selon certaines sources, le maire du Plan d’Aups aurait manifesté en conseil municipal sa volonté de réaliser un projet de sécurisation des crêtes au abords du St-Pilon avec élargissement, voire réalisation, d’un chemin et constitution d’une DZ pour les hélicoptères.



Si effectivement un projet de cette nature est dans les intentions de la municipalité, nous manifestons notre désaccord pour les raisons exposées ci-dessous. Voici donc la position d'OPNR.

Pour faire passer des aménagements, on brandit souvent l’argument de la sécurité car, bien entendu, personne n’est contre ce principe, ce qui est bien pratique.
Cependant, nous pensons qu’il est totalement déplacé ici. Pourquoi ?

Le chemin du St-Pilon se transforme en fait en un sentier, passant à même la roche peu avant le col. Il s’agit ici d’un accès aux espaces sauvages. Une modification profonde de ces lieux dénaturerait irrémédiablement le caractère de
la montagne, déjà profondément défigurée plus à l’Ouest. Doit on aménager les espaces sauvages parce qu’ils sont fréquentés ? Si l’on part de ce principe c’est un saccage que l’on doit organiser presque partout dans le milieu naturel : traçons donc à coup de bulldozers des routes au cœur des Calanques, sur la Ste-Victoire, sur les Hauts-Plateaux du Vercors ; bétonnons le Verdon car le sentier Martel est dangereux et surfréquenté etc.

Bien sûr qu’il survient des accidents sur ce chemin. Mais quel est l’endroit fréquenté où il n’y en a pas ? A partir du moment où l’homme passe régulièrement, il y a des accidents. Faut-il incriminer le terrain naturel pour autant ? Les accidents, globalement, ne sont pas, intrinsèquement parlant, liés au milieu naturel dans cette région mais à l'action de l'homme; la preuve en est que même une ville n’est pas un refuge contre les accidents, frappant parfois
des piétons qui trébuchent contre un trottoir!



D’autre part, aménager le chemin, c’est le rendre plus accessible. Et le rendre plus accessible, c’est augmenter sa fréquentation. Et plus une fréquentation augmente, plus elle génère d’accidents (est-il utile, devant cette évidence, de faire apparaître les statistiques ?) d’autant plus que des personnes moins aguerries s’engagent alors…

Et puis les accidents, ici, sont de quelle nature ? Hormis de rares cas de suicides, faits dont le terrain n’est pas la cause, ce ne sont que des personnes qui chutent de leur hauteur : entorses, luxations, fractures éventuellement.
Rien d’absolument dramatique généralement.



La fréquence de ces accidents se réduit à quelques fois dans l’année tout au plus. A titre de comparaison, les abords de la Croix de Provence et du Prieuré à la Ste-Victoire, lieux qui présentent de fortes analogies avec le St-Pilon de la Ste-Baume et sur lesquels il n'existe aucun projet de travaux similaires, voient seulement quelques interventions des Sapeurs-Pompiers par an alors que le massif est mondialement célèbre, qu’il reçoit environ 700 000 visiteurs dans l’année, que des pics de 2000 visiteurs/jour ont été observés ici (nombre qu'on est loin d'obtenir au St-Pilon), et alors que les itinéraires qui montent à cet endroit sont plus difficiles et plus longs ! Sous prétexte d’une illusoire « sécurité », doit-on défoncer la montagne à coups de brise-roche?

Arborer l’argument de la nécessité d’un chemin large et aplani ou d’une DZ afin de faciliter l'acheminement des secours semble traduire une profonde méconnaissance du sujet : ici c’est l’hélicoptère de la Sécurité Civile qui intervient (Dragon 83) avec deux Sapeurs-Pompiers GRIMP à son bord et en treuillant pour la plupart du temps (pendant que se dirige sur les lieux une équipe terrestre). De plus la crête au niveau du St-Pilon est peu accidentée et
il n’est pas exclu que cet aéronef puisse poser un patin tout en restant en stationnaire, ni même se poser à proximité, côté Sud vers l’îlot rocheux.
Sans oublier que les véhicules peuvent monter jusqu’à la chapelle des Parisiens.
Que devient alors l’impérieuse nécessité de ces travaux ?

Un secours dans ce type de terrain ne pose aucun problème technique ; par conséquent, aménager la crête ou le chemin n’apportera rien de crucial pour les équipes SP GRIMP qui sont formées pour intervenir dans des conditions difficiles
et en milieu accidenté voire vertical, ce qui n’est pas le cas du chemin et de la crête.

Pascal Rainette
Président d'Objectif PNR
Officier Marinier BS Marin-Pompier de Marseille en retraite

Ancien GRIMP Marin-Pompier